Peu connues et pourtant largement utilisées dans les compositions cosmétiques de produits bio ou classiques, que valent les huiles estérifiées ? Sont-elles dangereuses pour notre peau ? Comment les reconnaître ? Je vous donne tous mes conseils !
Les huiles font parties des ingrédients incontournables dans la composition de nombreux cosmétiques, mais elles ne se valent pas toutes. En effet, si vous vous intéressez à la composition de vos cosmétiques et faites attention à votre santé, vous avez surement déjà entendu parlé des huiles minérales (faites à base de pétrole) et des huiles végétales (faites à partir de végétaux). Et bien ce n’est pas aussi simple que ça et il n’y a pas que ces 2 catégories.
Aujourd’hui, je vais vous parler des huiles estérifiées. Ce terme peut sembler barbare ou tout droit sorti d’un laboratoire de chimie, pourtant il n’est pas très compliqué à comprendre...
Une huile estérifiée, de quoi s’agit-il exactement ?
Nous connaissons tous l’huile d’olive ou encore l’huile d’amande douce qui sont, à la base, de véritables huiles végétales de qualité, essentiellement constituées d’acides gras, et obtenues par pression à froid et sans modification chimique. Ces huiles végétales pures ont énormément de propriétés pour la peau, chacune avec ses spécificités... Les huiles estérifiées, quant à elles, bien qu’elles soient d’origine naturelle, sont une création de laboratoire dont la fabrication passe par la transformation d’une huile végétale via une réaction chimique dite d’estérification.
Les acides gras sont dissociés puis ensuite associés à de la glycérine ou à des alcools gras qu’ils soient naturels ou synthétiques, pour développer de nouvelles combinaisons aux propriétés différentes… Cette réaction se fait souvent à chaud et avec l’ajout de solvant synthétique.
Huiles estérifiées : avantages et inconvénients
Cela semble évident, mais les avantages de ces huiles vont plus profiter aux industriels qu’aux consommateurs...
Les fabricants de cosmétiques les utilisent principalement en raison de :
- leur faible coût, car souvent produites avec de l’huile de palme (ou de coco) de façon industrielle
- leur facilité d’utilisation, puisqu’elles restent liquides même à température ambiante
- leur stabilité qui aide à la conservation des produits
- leur douceur et aisance d’étalement : plus fluides et pénétrantes que les huiles végétales, elles offrent un toucher digne de celui des silicones ainsi qu’un fini non gras.
Pour les huiles végétales, on parle souvent de pression à froid ou d’huile pressée à froid, pour bien préciser que le froid fait garder à l’huile toutes ses bonnes propriétés. Vous vous doutez donc bien que si on chauffe l’huile, elle va perdre de ses qualités.
L’huile estérifiée n’a donc absolument rien à voir avec l’huile végétale d’origine naturelle : non seulement ses principes actifs ont d’abord été brûlés, puis dilués, mais en plus, elle contient des résidus de solvant ou d’autres ingrédients entrant dans sa composition. Conclusion : une huile estérifiée apporte donc peu à la peau, pour ne pas dire rien.
Ces modifications de la composition ne sont pas à proprement parler mauvaises pour la peau. Les huiles estérifiées ont juste perdu toute les propriétés bénéfiques des huiles végétales naturelles dont elles sont issues. Plus d’omégas 3 et autres acides gras essentiels, bye-bye vitamines et antioxydants, et au revoir les nombreux autres bénéfices des huiles végétales pures.
Un impact sur l’environnement est aussi envisageable du fait qu’une grande majorité des huiles estérifiées sont conçues à base d’huile de coco ou d’huile de palme (la culture des palmiers permettant de produire cette huile est très polluante et participe à la déforestation de masse).
Huiles estérifiées : quelle place pour le bio ?
La cosmétique bio a eu le mérite d’imposer beaucoup de règles pour garantir un certain niveau de naturalité des cosmétiques. Cependant en ce qui concerne les huiles estérifiées, les restrictions mises en place par les labels bio sont à l’heure actuelle quasi inexistantes. Le label allemand Natrue impose la limite d’usage de 15% d’huiles estérifiées et hydrogénées dans la composition des crèmes. Rien en revanche du côté de Cosmébio, le plus répandu des labels français, et du nouveau label Européen Cosmos. Pareil pour Ecocert qui ne préconise aucune restriction à leurs utilisation au sein de leur cahier des charges.
Nature & Progrès les refuse, et le label allemand BDIH limite leur taux à 10% du produit fini et à 50% de la phase huileuse. La volonté du BDIH étant que les huiles végétales continuent à jouer un rôle central.
Comment reconnaître les huiles estérifiées ?
Le seul moyen de reconnaître ces huiles, incolores et inodores, est de lire la liste des ingrédients… Vous pouvez repérer les principales huiles estérifiées sous ces noms :
- Caprylic Capric Triglyceride
- Coco Caprylate Caprate
- Decyl Oleate
- Oleyl Linoleate
- Oleyl Erucate
- Dicaprylyl Ether
- Isopropyl Palmitate
- Octyldodecanol
Huiles estérifiées : à éviter ou pas ?
Les huiles estérifiées ne sont pas dangereuses pour la peau et la santé, mais je préfère limiter leur utilisation, car elles n’apportent aucune valeur ajoutée à un produit cosmétique. Cela dépend également des produits cosmétiques contenant ces huiles : un produit nettoyant qui ne reste pas sur la peau peut en contenir sans problème, mais une crème pénétrant dans la peau se doit de contenir de vrais actifs, et je ne cautionne alors pas l’usage d’huiles estérifiées.
Choisissez donc vos limites et dans quels cas vous souhaitez une composition cosmétique irréprochable.